Quand j’ai découvert le Reiyukai, j’étais en conflit permanent avec mon père, emplie de rancœur. Quant à ma mère, qui avait longtemps cherché à m’imposer sa religion, je ressentais à son égard beaucoup de colère. J’étais persuadée que cette situation relationnelle était immuable.
Dès la première réunion, je fus profondément touchée d’entendre parler du lien avec les ancêtres. J’eus aussitôt le souhait de donner vie à ce lien en lisant le Soutra devant la plaquette familiale. J’entendis aussi que nous sommes étroitement liés à nos ancêtres, que nos conditions de vie dépendent plus que nous ne l’imaginons de celles qui ont été les leurs et que nous pouvions agir pour notre progrès et le leur. J’entamai alors des recherches généalogiques et commençai donc à interroger mes parents afin de constituer un arbre. Bien que sceptiques quant à l’utilité de cette démarche, ils me communiquèrent ce qu’ils savaient.
Peu de temps après, ils décidèrent de rendre visite à un oncle en Charente et je saisis cette occasion pour les accompagner. J’avais à cœur de poser des questions sur nos racines et de me rendre au cimetière pour acquérir des dates supplémentaires. Étonnamment, mes parents s’impliquèrent beaucoup dans cette démarche. Très vite, des expériences extraordinaires apparurent. De retour d’un weekend avec des amis, dans une région où je n’étais jamais allée auparavant, je fus prise d’une crise de larmes incontrôlable et incompréhensible. J’en parlai à ma mère, qui, à mon grand étonnement, m’apprit qu’elle connaissait parfaitement les lieux, jusqu’à la maison qui m’avait accueillie. Elle m’exprima que pendant la seconde guerre, loin de chez eux, ses parents y entreposaient leurs meubles pour les protéger des allemands et que, chaque fois qu’ils repartaient, laissant leurs biens, ils pleuraient. Grâce à cette expérience, je réalisai à quel point nos ancêtres sont encore vivants en nous et combien l’enseignement est puissant, car il m’avait permis de recevoir des pistes sur les souffrances que je portais : le sentiment d’abandon, la difficulté à prendre ma place, à me détacher du matériel.
Petit à petit, naquit avec mes parents une relation nouvelle. Ma mère, touchée par l’expérience précédente, m’accompagna à une réunion. Heureux de nos multiples découvertes, mes parents continuèrent à questionner leurs familles respectives pour ériger notre arbre. A l’occasion de ces recherches, je rencontrai un cousin éloigné dont nous ignorions l’existence et qui me transmit un grand nombre d’ancêtres. Grâce aux archives départementales, j’obtins également des actes qui m’offrirent de nouveaux noms et dates.
Un jour, alors que je récitais le soutra, la pensée de mon arrière-grand-père poète envahit mon esprit. J’eus l’intuition de saisir son nom sur internet et, de manière incroyable, tombai sur un livre en vente chez un brocanteur. Mon père n’avait jamais eu accès à ses textes. Quelle ne fut pas son émotion quand je le lui offris ! Cela me permit également de découvrir cet homme et de constater combien je suis proche de lui, animée par la même passion de l’écriture.
Grâce au cœur sincère de mon progrès et de celui de mes ancêtres, j’ai remonté le temps jusqu’en 1620 et réuni un grand nombre de noms. C’est à la mesure du bonheur profond ressenti dans la famille à chaque nouvelle découverte et toujours aussi vivant. Aujourd’hui, je perçois les souffrances de mes ancêtres, et ainsi je comprends mieux les miennes. Peu à peu, des liens de famille rompus se sont reformés. La relation avec mon père s’est transformée en un lien soudé et plein de reconnaissance. La rancœur envers ma mère s’est évanouie. Nos cœurs se sont allégés. Ce cadeau inattendu est d’une valeur inestimable et j’encourage chacun à réaliser son propre chemin grâce à cette puissante et merveilleuse action de pratique.