Réalisons le monde de Bouddha
Deuxième président du Reiyukai, docteur en théologie, M Tsugunari Kubo a écrit une série d’articles regroupés dans un recueil intitulé « Réalisons le Monde de Bouddha ». Il y explique les principes fondamentaux du Reiyukai.
L’un de ces articles aborde tout particulièrement le thème des ancêtres et le sens spécifique que revêt cette relation dans le Reiyukai.
L’interprétation originale de la relation aux ancêtres dans le Reiyukai.
Au Japon, la relation aux ancêtres est culturelle. Cependant, beaucoup de gens, après qu’ils sont devenus membres du Reiyukai, disent : « Ma façon de voir les ancêtres a changé.» En effet, dans le Reiyukai, la relation aux ancêtres diffère de la conception traditionnelle du culte des ancêtres au Japon. Elle revêt une signification particulière. La Fondatrice Kotani disait ainsi familièrement : « Les êtres vivants ne viennent pas au monde dans un chou ». Elle exprimait ainsi, de façon certes un peu directe et simple, le fait que chaque être humain a un père et une mère, que c’est grâce à eux qu’il vient au monde, et que ces parents ont eux-mêmes des parents. C’est a priori une évidence mais Madame Kotani souhaitait que celui qui aspire à se connaître soi-même considère attentivement cette évidence.
Un passage du chapitre XIX du Soutra du Lotus intitulé « Les Bienfaits obtenus par un Interprète du Dharma », affirme l’importance de ces liens : « Les jeunes gens et les jeunes filles vertueux qui garderont, réciteront, expliqueront et recopieront ce Soutra, acquerront les huit cents perfections de la vue, les douze cents perfections de l’ouïe, les huit cents perfections de l’odorat, les douze cents perfections du goût, les huit cents perfections du corps et les douze cents perfections de l’esprit. Par les yeux physiques, naturels, que leurs parents leur ont donné, ainsi purifiés, ces jeunes gens et jeunes filles vertueux verront …] du plus bas enfer jusqu’aussi haut que le sommet de l’univers. Ils verront aussi tous les êtres vivants qui y demeurent, et ils percevront et comprendront les causes et les conséquences de leurs actions et les conditions de leur naissance ».
Cet extrait souligne combien tout notre être physique et spirituel est relié à nos parents. Le chapitre XIX parle bien en effet de l’héritage que nous faisons tous du karma de nos ancêtres paternels et maternels, selon la loi de cause à effet enseignée par le bouddha Shakyamuni.
C’est ce sens que la Fondatrice Kotani donnait à la relation aux ancêtres.
Comme elle, Monsieur Kakutaro Kubo, le fondateur du Reiyukai, considérait qu’il est inévitable que quelqu’un qui aspire à la connaissance de lui-même et reconnait comme juste le principe de l’enchaînement des causes et des effets, tourne son regard vers la source de son existence présente. Quiconque aspire à la connaissance de soi doit regarder le karma de ses parents et celui de ses ancêtres, des deux côtés. Toutefois, même si je conseille de tourner le regard vers le karma des ancêtres, même si notre moi actuel est déterminé par leur karma, cela ne signifie nullement que toute espérance de changement nous est ôtée. On dit généralement que le karma des parents se transmet aux enfants, mais en vouloir aux parents et aux ancêtres ne résout rien. Regardons plutôt les faits ainsi : nous avons un lien karmique avec nos ancêtres. Considérons-le comme notre affaire personnelle.
Dans le Reiyukai, aller à la recherche de soi nécessite d’être pleinement conscient de la relation avec nos ancêtres. Se développer soi-même permet de résoudre le karma et comble l’attente de nos ancêtres. Quand nous développons une conscience plus juste de ce que sont nos parents, de ce qu’étaient nos ancêtres, de ce dont nous avons hérité, nous devenons alors plus tolérants, conscients du fait qu’à la source de chaque être humain, il existe des ancêtres. Si nous avons le cœur de nous améliorer les uns grâce aux autres et réciproquement, les relations humaines deviennent alors très riches et très précieuses. Nous voyons que l’origine de notre vie remonte des siècles et des siècles en arrière et implique un nombre incalculable de créatures vivantes qui toutes ont coopéré à notre existence. Nous voyons que nous ne sommes pas un évènement isolé mais une partie vitale de l’univers. Cette compréhension fondamentale assène un coup destructeur à l’ignorance qui nous enfermait – ainsi que nos ancêtres – dans un cercle vicieux de reproduction de causes et d’effets.
La conscience du sens profond des liens avec tous les êtres qui nous ont précédés fait naître naturellement la gratitude et le souhait de leur bonheur, le souhait qu’ils puissent entendre eux aussi cet Enseignement qui leur permettra de se débarrasser de l’ignorance, des conceptions erronées et des maux qu’elles engendrent. C’est pourquoi offrir le Soutra à nos ancêtres est une partie intégrante de la pratique de bodhisattva. Grâce à ce lien privilégié avec notre famille, nous prenons conscience de notre propre réalité et de nos limites puis, petit à petit, développons une conscience nette de nos obstacles. Aussi l’enseignement des liens karmiques avec la famille est-il particulièrement porteur de transformation.
Le karma des parents et des ancêtres constitue le monde actuel, même s’il nous parvient du passé. Voici une anecdote à propos du bouddha Shakyamuni. Un disciple lui demanda un jour : « Que se passera-t-il après la mort du Bouddha ? » Il ne répondit rien. Cette question signifiait : »Après votre mort, que vous arrivera-t-il ? ». Si le Bouddha n’a pas répondu, c’est qu’il voulait exprimer par son silence : « A quoi cela sert-il de le savoir ? Ce qui compte, c’est le présent. »
Depuis de début, je répète que le Monde de Bouddha n’est pas un monde que l’on découvrira après la mort, mais qu’il se réalise dans le monde actuel. A ceux qui se demandent ce qu’ils peuvent faire pour réaliser ce Monde, je dirai qu’il n’y a rien de plus facile et de plus concret que la relation de cœur avec nos parents et nos ancêtres, qui sont la source de notre vie. Concevant ainsi la relation aux ancêtres, les membres du Reiyukai ont le pouvoir de réaliser le Monde de Bouddha.
Extraits de Musique céleste, journal de Kimi Kotani
« Les alouettes ne tombent pas du ciel toutes rôties.»
C’est bien parce que vos ancêtres ont accumulé des mérites que vous, les descendants, pouvez en profiter. C’est à vous maintenant de construire votre bonheur et celui de vos descendants. »